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Portrait Ferme des Peupliers et Transfrite

Famille Deschambault
Outaouais

« Ce qui est certain, c’est que tu ne fais pas ça pour l’argent »

Simon Deschambault

Il y a dans la famille Deschambault une histoire qui circule depuis des années. La légende dit que deux hommes, l’un propriétaire d’un moulin à scie à Notre-Dame-de-la-Paix, l’autre cultivateur dans le coin de Mont-Laurier, se seraient rencontrés dans le train et auraient décidé d’échanger leurs vies. Ainsi, les Deschambault viendraient en fait de Kiamika, près de Mont- Laurier. Ils seraient arrivés en Outaouais pour vivre une nouvelle vie, auraient défriché le coin et commencé à cultiver sur les terres qui appartiennent aujourd’hui à Simon Deschambault et à sa conjointe, Mélanie Quenneville.

Les enfants sont à l’école, mais les bottes de pluie dans l’entrée et les dessins sur les murs témoignent de leur présence joyeuse dans cette maison appartenant à une cinquième génération de producteurs de pommes de terre. À la table de cuisine, Simon, 36 ans, raconte comment il s’est retrouvé, des années après ses ancêtres, à s’occuper des terres familiales.

« J’ai toujours suivi mon père et petit, j’adorais jouer dans les champs. Tout de même, quand est venu le temps de choisir une carrière, je n’étais plus si sûr que c’était ce que je voulais faire. À 17 ans, je venais de finir ma cinquième secondaire, je voyais mon père aller et ça avait l’air dur. J’hésitais… Je me suis donc inscrit au cégep en télécommunications. Je me suis dit que j’allais travailler un an sur la ferme pis que sinon, j’irais étudier. Finalement, je n’y suis jamais allé. »

Mélanie, elle, vient de Plaisance, à 30 minutes de là. « J’étais serveuse quand il est venu me chercher, dit-elle tendrement. Je ne connaissais pas du tout le milieu. Mais pendant mon congé de maternité, je m’ennuyais, alors j’ai commencé à aider, j’ai suivi quelques formations et je n’ai jamais arrêté. »

L’entreprise a beaucoup évolué depuis que Simon s’en occupe. « J’ai vite constaté qu’il manquait quelque chose sur la ferme. À un moment donné, quand les années ne sont pas bonnes et que tu fais juste vendre en vrac, le temps est long… », se rappelle-t-il. C’est ainsi qu’il a démarré Transfrite en 1999 avec une de ses deux soeurs qui s’est depuis dirigée vers un autre emploi. Ainsi, une fois les récoltes terminées, Simon et Mélanie travaillent toute l’année à transformer leurs patates en frites fraîches distribuées dans une cinquantaine de restaurants et d’hôtels.

Dans le domaine, le couple détonne en raison de son âge. « Oui, on travaille beaucoup avec des personnes plus âgées », rigole Simon. Parce que c’est vrai que pour la famille, ce n’est pas évident. Avec leurs quatre enfants, impossible de prendre des vacances. « Ça fait 10 ans qu’on n’est pas partis, sauf parfois pour une longue fin de semaine. Il faut toujours être ici… », explique Simon. « On n’a aucun employé à part un livreur, et l’aide d’un ami et des parents de Simon. On a une énorme charge de travail pour une si petite équipe. Même pendant les récoltes, on fait tout nous-mêmes : on se lève plus tôt et on finit plus tard. On fait ça en famille », explique Mélanie.

« En tous les cas, ce qui est certain, c’est que tu ne fais pas ça pour l’argent ! » assure Simon. « Et il y a beaucoup de gestion à faire », renchérit celle qui s’occupe davantage de cet aspect.

Malgré tout, la vie est belle pour le couple qui a récemment acheté l’entreprise. « J’aime mon travail parce que je ne pense pas que je serais capable de travailler pour un patron. J’aime ne jamais faire la même affaire : ici, je suis l’électricien, le mécanicien, le plombier, le charpentier. Chaque matin, c’est différent. En plus, je suis presque toujours dehors ! », raconte Simon. « Quand je fais à souper, je regarde par la fenêtre et je vois mon chum et les enfants dans les champs. Je trouve ça beau », ajoute Mélanie.