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Portrait Ferme Vianney et Marguerite Turcot

Le rêve devenu réalité
Saint-André-Avellin
Depuis 1974

« Les patates, c’est bon pour la santé »

Vianney Turcot

Vianney a toujours rêvé d’avoir sa ferme. Enfant, devant celle de son père, à Laval, il en rêvait déjà et se disait qu’un jour, il aurait la sienne.

« Celle de mon père, ce n’était pas une belle ni une bonne ferme », se souvient l’homme de 76 ans. Quand son paternel lui lègue ses terres, il fait son nid dans le haut de la grange et se sert du bas pour vendre des fruits et des légumes achetés ailleurs, mais emballés sur place. « Dans le temps, j’étais le seul à faire ça », mentionne-t-il. « Mon père a toujours été avant-gardiste », dit Isabelle, sa fille, en le regardant, admirative.

À l’époque, Vianney continue tout de même à rêver de sa ferme. Dans sa jeune vingtaine, il vient souvent visiter sa soeur qui a des terres en Outaouais. C’est là qu’il rencontre sa femme, Marguerite, qui travaille à la ferme. « On s’est mariés, puis on est restés 10 ans à Laval. Mais à un moment, je me suis tanné : je suis passé en Outaouais et je suis allé voir celui qui avait la ferme que je voulais et je lui ai offert un bon prix. » Le rêve devenait réalité.

« Je voulais une ferme, oui, mais tout particulièrement, je rêvais de faire pousser des patates : les semer, les voir pousser, les cueillir, ça me parlait », explique-t-il les yeux brillants et le sourire fendu jusqu’aux oreilles. C’est ainsi qu’en 1974, à 34 ans, il devient, sur ses terres de Saint- André-Avellin, fier producteur de pommes de terre.

À l’époque, la petite Isabelle a neuf ans et est heureuse de changer de vie et d’aider aux tâches de la ferme. « J’ai toujours aimé ça », raconte la femme qui a aujourd’hui 50 ans. « Je suivais mon père partout et je voulais prouver que j’étais capable de travailler ! »

Une vingtaine d’années plus tard, alors dans la trentaine, Isabelle, après quelques hésitations, reprend l’entreprise de ses parents avec son conjoint, Mario. « Nous nous sommes dit : pourquoi pas ? C’est un beau défi ! »

Depuis, malgré les moments plus difficiles – Marguerite disparue, la perte d’un client ontarien majeur, les fluctuations du marché, les ententes toujours à renégocier, la météo parfois capricieuse, la sécheresse de certaines années, les fermes voisines qui ferment – la famille reste motivée et, avec son équipe d’une dizaine d’employés, continue à développer des projets.

Entre autres, dans leurs bureaux situés devant leurs entrepôts orangés et leurs champs, Vianney, Isabelle et Mario parlent d’éducation. « Les patates, c’est bon pour la santé ! Il faut que les gens sachent ça ! », déclare Vianney, enthousiaste. « Il y a aussi une éducation à faire auprès des épiciers, croit Mario. Il faut effectuer une rotation des produits, enlever les patates quand elles commencent à germer, ne pas les mettre directement à la lumière et les couvrir pendant la nuit : les pommes de terre resteraient bien plus belles. » Isabelle, elle, rêve que les producteurs puissent livrer directement à leurs clients et chez les épiciers. Pour que les acheteurs prennent conscience de la provenance des pommes de terre, mais aussi, parfois, pour prendre le temps de se rendre sur place et de « cuisiner des patates en épicerie, montrer aux clients que ça prend juste cinq minutes et que ce n’est pas compliqué ! » Puis Vianney renchérit avec l’idée d’un kiosque, devant ses champs, où il pourrait vendre de délicieux beignets aux patates.

Même après plus de 40 ans dans l’industrie, l’entrepreneur a encore des étoiles plein les yeux quand il parle de « ses patates ». « J’ai toujours aimé ça et j’aime encore ça. » « Cette année, il avait de la misère à marcher, mais pour les premières patates, il a stationné son camion proche des rangs pour n’avoir qu’à se pencher pour les trouver », décrit tendrement Isabelle. Maintenant, c’est à son tour et à celui de Mario de se préparer à passer le flambeau. « Notre fils Jonathan a 27 ans et il souhaite reprendre l’entreprise. Si on n’avait pas de relève, on travaillerait moins fort parce qu’on vendrait bientôt pendant que ça va bien. Mais là, on prend plus de travail que pas assez, parce qu’on veut que ça grossisse afin de laisser à notre gars une entreprise en santé. »

« C’est pas toujours facile de travailler avec la famille. Nous avons des personnalités différentes… Mais en même temps, c’est tellement le fun de travailler ensemble », confie Isabelle.